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se cabrait devant une meute de violons agressifs qui
baignaient dans le sang. Des figures de noyés tantôt émergeaient
des flots, tantôt plongeaient dans les profondeurs. Une lutte impitoyable
se livrait dans mon imagination entre deux puissances antagonistes. Le cheval
sénervait en frappant des sabots pour éviter lencerclement,
tandis que les archets brandissaient leurs pointes pour latteindre au
ventre. Du sang coulait sur la robe de lanimal et sa vue le rendait
plus fou que jamais. Brusquement, il sabattit sans crier gare sur le
premier violon qui avait rampé pour le toucher au flanc gauche. Les
cordes lancèrent un gémissement désarticulé. Dautres
prenaient aussitôt la relève et tentaient une approche. Mais
le cheval rendait leurs mouvements hésitants par ses attaques imprévisibles.
Le spectacle des violons fracassés et de la bête en proie à
leurs assauts me causait une sombre agitation. Que voulaient signifier ces
charges instrumentales contre un animal qui défendait sa vie ? Au même
instant, une mutation sopéra dans mes images. À la place
des violons et du cheval, apparurent