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un il puissant, prêt à me prendre en défaut. Il me transperçait lesprit, il cherchait à orienter mes gestes. Suspendu dans lair, il mobligeait à lever la tête. Il dominait le monde. Et ce monde, sans doute à cause de lui, sétait mis à bouillonner comme un séisme frénétique, comme une inondation invraisemblable. On navait jamais vu ça, même dans nos rêves où tout est sens dessus dessous. La catastrophe sétait figée lespace dune seconde en attendant catastrophe plus grande. Comme je restais saisi moi-même sous cet il qui pesait de tout son poids sur ma personne. Je levais les bras au ciel en criant : « Lâchez-moi ! Bon Dieu, mais lâchez-moi un peu ! Jen ai assez de me sentir surveillé comme ça ! » Lil me fixait toujours, superbement indifférent à mes signes dexaspération. Javais beau faire le magicien, je navais pas appris à maîtriser cet entrenous qui nous liait et nous séparait tout autant. Cet il était porté par un corps parfait, avec des courbes voluptueuses, des lignes puissantes, un organisme dont la mécanique flattait mon goût pour le mystère et linsondable. Derrière moi sagitaient des hommes à bosse ou à poigne, des laids obsédés par leur laideur et des athlètes au corps tendu vers la confrontation. Ils ne pouvaient pas se mettre à ma place. Jétais devant, tout devant, au tout premier rang des choses, comme un éclaireur sous léclat de la lune. Non, vraiment, ils ne pouvaient pas se mettre à ma place. Ni le pompier, derrière, qui tentait à lui seul denrayer le grand dérangement, ni le vieux guerrier qui brandissait ses lames pour ajouter de la mort au chaos. À vrai dire,