Présentation de
"SISMOGRAPHIES"
Pour quatre voix et seize tableaux
Exposition à la Galerie Les Cent (Paris ) du 7 au 17 Juin 1995
*
Ni peintre, ni sculpteur à proprement parler, Denis
Donikian se considère plutôt comme un plasticien, littéralement
et dans tous les sens. Mais chez lui l'écriture a
précédé l'oeuvre plastique. Deux systèmes d'expression
qui, aujourd'hui, s'articulent sur des échanges de rythmes et de
regards. Manière aussi de représenter un même thème
en deux dimensions.
Rencontré à Tbilissi quelques mois après
sa sortie de prison, Paradjanov, créateur insatiable
qui faisait, en dehors de ses films, création de tout ce qui lui
tombait sous la main, demeure la référence obligée,
l'archétype de l'artiste en mal d'excitation esthétique, déformant,
développant, surréalisant les objets quotidiens par des manipulations
destinées à surprendre autant celui qui "fait" que
celui qui regardera plus tard la chose ainsi "faite". Evoluant
du collage le plus traditionnel vers des techniques plus inventives, d'un
art brut vers une esthétique du trouble et du métissage (
cf son manifeste " pour une figuration apatride"),
Donikian, s'il laisse affleurer à la surface des
objets qu'il propose l'anecdote autobiographique, l'allusion historique
ou l'inquiétude d'ordre spirituel, ne s'interdit pas pour autant
d'investir certaines oeuvres d'une singularité pure, c'est-à-dire
sans visage connu. C'est que toujours demeure le souci du surgissement
à l'oeuvre de l'oeuvre même ( qu'elle soit poétique
ou plastique ) dans la plus grande spontanéité possible, en
combinant prééminence du matériau, automatisme de l'exécution,
instinct créateur et intention initiale. C'est ainsi que le matériau
( matière ou mot ) dicte pour ainsi dire sa pensée et sa forme,
qu'il donne forme et pensée à l'intention minimale de l'artiste
soucieux de " réaliser" ainsi son rapport au monde.
L'ensemble intitulé " Sismographies
" est représenté par le couplage de 16 tableaux successifs
avec 16 textes. Si, au départ, les tableaux ont orienté les
textes, par la suite, l'interactivité a joué dans le sens
d'une mutuelle inspiration. C'est, déployée sur toute la longueur
de la page, une ligne constamment mise à mal, soumise à des
bifurcations et des contorsions, prise de confusion et de désordre.
Ecritures sismiques... Brisements, déconstructions,
sens dessus dessous, superpositions, éclatements, contractions, danses...
ainsi prend feu la syntaxe. Autrement dit l'esprit. Les voies / voix s'entremêlent,
les mots se répercutent en échos, le chaos tellurique produit
une refonte du monde. Se renouvellent les signes, se déplient les
significations. Assurément, ces abstractions sismographiques
semblent proposer une orientation à l'inventivité, audacieuse
tentative de défiguration-refiguration des choses. D'ailleurs
la colle, qui se module selon le plan axial du tableau, semble coaguler
le rythme vibratoire du séisme et du magma.
*
SISMOGRAPHIES
poème pour quatre voix et seize tableaux
de Denis Donikian
création le 27 Avril 1995, en soirée
à l'occasion de l'exposition de
Saint-Chamond du 21 au 30 Avril 1995, salle Lamartine avec les voix de
Odette ENDRIKIAN
Claire DERMETROSSIAN
Robert TAVITIAN
Vartivar AKELIAN
Diffusion du texte enregistré
durant toute l'exposition