83) Faits et gestes de Nazar arpar (2)

Lecture à double sens

-Mais Nazar arpar, comment peux-tu lire comme ça ?
-Comment, comme ça ?
-Mais tu ne vois pas que ton livre est à l'envers ?
-Je vois très bien qu'il est à l'envers !
-Et tu lis à l'envers maintenant ?
-Oui, et pendant ce temps, toi, tu le lis à l'endroit.
-Mais le livre a été écrit à l'endroit pour qu'on le lise à l'endroit, pas à l'envers !
-Et pourquoi ne le lirait-on pas à l'envers ? Il faut bien que quelqu'un le lise à l'envers pendant que quelqu'un d'autre le lit à l'endroit, non ?
-Je ne comprends pas ! Quand j'ouvre un livre, je suis tout seul à le lire !
-Mais pas du tout. Il faut toujours être deux pour lire un livre : il y a celui qui le lit à l'endroit et il y a celui qui le lit à l'envers.
-Écoute, Nazar arpar ! Quand je t'ai surpris en train de lire ton livre à l'envers, tu étais bien tout seul, n'est-ce pas ?
-Qu'est-ce que tu me racontes ? Nous étions deux. Le lecteur à l'envers et le lecteur à l'endroit.
-Je ne comprends toujours pas.
-C'est pourtant simple. Il y a des écrivains qui écrivent à l'endroit pour qu'on les lise à l'endroit. Mais il y en a d'autres qui écrivent à l'endroit et qui se laissent lire à l'envers.
-Et quand il pleut, ces écrivains-là ouvrent leur parapluie et le retournent poignée vers le haut, n'est-ce pas ?
-Mais tu vois bien qu'il ne pleut pas ! Pourquoi veux-tu retourner ton parapluie que tu as laissé chez toi ?

(29/03/03)

Extrait

Hayoutioun

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