1
anges aquatiques
dans la mer amniotique
fluides avec les flots
frères du monde
aux grâces de passantes
aussi fins que des elfes
tandis que moi
nostalgique je suis
tendu à déjouer les haines
de mes frères d'histoire et de sang
indécents
2
les baigneuses de mer
se rient déjà d'avoir eu faim
de ciel
dans leur ville
mère et fille
le ciel
le ciel s'aime sur leurs corps
semences qui ensommeillent
et la mer la mer la mer
la mer s'ébroue
en proie
à ses démangeaisons cosmiques
3
c'est un jardin d'herbes rases
aux arbres nains ou géants
semé d'oiseaux énigmatiques
d'où l'oeil interroge la mer
des mauriciennes
à peau noire et vêtements anglais
servent la paix des lieux
me voici à l'autre bout du temps
après un long voyage humain
là où le calme est rumeur
là où la mer est source
où l'aube a la fraîcheur des temps naïfs
4
dans les mains des baigneuses
mangent des poissons verts
mère et fille
moissonnent des scintillements d'yeux
des clins d'écailles
d'inénarrables battements
mille et mille
nagent de vivre
dans l'instable mystique
de leur sang
surprises d'être là
5
jardin sans équivoque
où rien de trop ne pique
dernières heures
une
fluide jouissance
habite le sang
demain
les arbres délaissés
la mer abandonnée à sa naissance
le monde moderne
battra son plein
chercheur d'or organique
le moi a soif de concordances
perdu dans les mémoires troublées
de sa parole
6
jour qui se décompose
souffle qui se brise
en vagues cris d'oiseaux
détresse d'un désir
les arbres pénétrés
de lumière
et mon œil
piqué à vif
d'une lame d'or
jusqu'à l'âme
( île Maurice, juillet 2007)