Devenu premier ministre, Monsieur Racip Erdogan, islamiste
modéré, a eu pour premier souci de transformer son bureau de
fond en comble de telle sorte qu'il soit tourné vers la Mecque.
On n'ose pas penser à ce que serait
devenu ce même bureau si Monsieur Erdogan avait été un
islamiste pur et dur.
Dans une Europe laïque, la présence
d'une Turquie laïque comme celle de Monsieur Erdogan comporterait à
coup sûr certains risques, à commencer par ceux de la reconstruction.
Je n'ose pas imaginer quelle pensée
traverserait la tête d'un représentant européen turc fraîchement
nommé par son État laïque si l'une des flèches d'une
des cathédrales de Strasbourg ou de Bruxelles avait la malencontreuse
idée de traverser de bas en haut le paysage rectangulaire découpé
par une des fenêtres de son bureau.
Soit il demanderait, avec l'appui de ses coreligionnaires,
parlementaires, islamistes et modérés, de raser la dite flèche
ou de la transformer en mosquée, soit il exigerait de redessiner son
bureau de manière à l'orienter dans la bonne direction.
Le respect qu'on doit à ses propres
convictions ne saurait souffrir aucune modération.
Octobre 2004