Publié le : 01-11-2006
Comme c'est beau, une rose ! déclare un crâne d'oeuf au vendeur assis devant trois pots. D'abord, c'est un bouton, et quand ça s'ouvre, c'est déjà autre chose. Et quand ça s'ouvre un peu plus, les pétales se montrent timidement par petits bouts, on est émerveillé. Et puis quand la rose est épanouie, c'est une explosion. La nature est vraiment formidable. Elle est constamment en mouvement, et belle à tous les stades de ses transformations. Par exemple, j'ai pris en photo le Mont Ararat, chaque jour à 10 heures tapantes. Comme si je pointais au travail. 10 heures, clic-clac. Parfois, le petit Ararat à côté surgissait tout saupoudré de neige. Je possède une maison du côté de Massis. C'est pas que je sois un capitaliste, mais au lieu de transformer mon argent en poussière, j'ai préféré construire. Chaque jour, j'ouvre ma fenêtre, et là, ah ! je reçois ça en pleine figure. On dira ce qu'on voudra, l'Ararat, c'est nous, il est nous, il est fait pour nous. Qu'importe toute cette merde que charrient les rues, les souffrances du peuple, lui il domine tout, propre, pur, puissant. Parfois il est noyé dans les nuages, parfois il brille au centre du ciel. C'est comme ça, c'est plus fort que nous…
L'homme s'éloigne, je demande au marchand
de roses, qu'est-ce qu'il fait comme travail ce type ? Lui ? Il gère
l'équipe chargée de garer les voitures. C'est un ivrogne. Et
son frère, il est pire. Ils arrêtent pas de boire tous les deux.