3ème partie : extraits.

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Leurs discours écœurants croassaient dans nos yeux. Le temps est bien fini où nous tétions aux forts lyrismes historiques. Voici que des maçonneries, des laves ont pris possession des légendes. Vaincus, nous avons déposé nos flûtes aux pieds des hordes paradant avec force sur ces agoras de l'Empire. Autour de qui promène son œil sous les poils du fruit vierge, mal connus de nos alcools ardents, aussitôt s'élaborent des bêtes, et des déserts fomentent, et nidifient des gouffres dans sa vision. On écoutait la vie comme une scène scientifique, jouée au nez des bibles mises en cage. Et les fuyards (vers toutes nouveauté), les citoyens (cherchant son Chœur au monde), et les fils (féériques, gainés d'éducation, rongés de brèches où suppure un œil bleu) … tous, le crâne blanc, passèrent par les fouets, les sifflets et les armes, au continent de ces Forêts imperceptibles, dans l'hémisphère imperceptible de la FORCE.


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Je me suis accoudé aux steppes de notre enceinte, à ces profils narrant leur soie : un vent dilue des cris d'encre crépusculaire ; là-bas la paysanne luxueuse - qui me brûle ! - s'en va, avant sa nuit, puiser une eau de fête ; puis la foule des bêtes insonores paissant au nez des temples de la Loi. Les ponts sont morts, qui furent nos bancs dessus ces fleuves familiers, à portée de nos songes. L'avril parisien sur la seine ! Des avalanches méditerranéennes du haut d'un arbre du liban ! Et la crue des Chevaux éphémères… Ceux qui me disaient " ami ! " applaudissent dans les vieux cirques cinquantenaires la ronde des chevaux ouvriers, pour demeurer fidèles d'année en année aux joies esclaves, à leur luxe insulaire et secret. Mais défi, profil sincère (je le vois), sans acropole, sans bâtisseurs, ni otage, ni temps, ce mont ArA, plus haut que la terrasse des ermites. Son lieu, sa forme, son état primitif de veilleur fabuleux…. Son destin pour mon style, la référence à notre déambulation, son art étranger à nos temps.

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Nous nous sommes, nous sans-femmes, tenus debout sur nos toits monastiques : la face, le ventre et l'intérieur des bras offerts au mûrissement, vers l'Ouest, du Foyer. Qui fut noir, puis ce feu circulaire, puis cette élévation magique forçant nos langueurs et nos fièvres… Nous, sans-femmes, nous avons lu la frise atmosphérique qui s'éclairait comme une peau. Peau de femme ! Nous avons, à mesure que fleurissait l'abîme sous nos vieux monologues chantés, laissé choir à nos pieds notre manteau de laine noire pour que les Ombres nous l'emportent. Sur les toits du monastère ruisselèrent l'eau usée, le feu corporel de nos nuits, les désirs tournoyants. Nos chemises de lin sentaient l'aurore humide. Nos toits l'odeur de plage qu'atteint l'aventurier. La terre fut houle comme le chœur en nous de vivants muscles d'insomnie. Alors, les Chevaux sont sortis de leur frise, sont sortis de leur poids, le silence hennissait dans nos têtes et dans la chair du ciel, les Chevaux ont volé en Éclat, sans que l'on sût si ce fut de joie rouge ou de sang.

 

 

 

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