Appel aux historiens pour la constitution d’un collectif d’intervention contre les négationnismes.

 


Publié le : 22-11-2004

La récente affaire de France 5 a permis de révéler au sein de la communauté agissante des Arméniens un déficit médiatique de la part de nos historiens du génocide. L'action du Collectif Van, si elle a été efficace, a démontré la faiblesse voire l'inconsistance de ses "arrières " scientifiques. On a beau avoir raison de croire que le nombre des manifestants ne fait rien à l'affaire si la " qualité " de la protestation fait suffisamment poids, il manquait à la discussion qui eut lieu avec la direction des programmes de France 5 la présence d'un historien engagé dans la cause du génocide et de son déni.

Quels qu'ils soient, les historiens, arméniens ou non, s'engagent déjà d'une manière ou d'une autre, par leurs écrits, par leurs recherches, par leurs interventions à des colloques, comme nous le montre Monsieur Raymond Kévorkian dans l'interview que nous publions. S'ils sont excusables de ne pas être visibles à toutes les manifestations de rue, c'est que leur temps est suffisamment consacré à la manifestation de la vérité pour qu'on leur accorde le droit d'être ailleurs.

Mais dans un temps où la partie adverse fait de l'histoire le pivot par lequel elle compte basculer le génocide dans l'oubli, il est urgent que nos historiens montent au créneau non plus comme une entité informative seulement mais comme force de réaction immédiate partout où le déni pointe son nez, dans les médias, les journaux, les colloques.

En ce sens, le Collectif Van pourrait jouer son rôle en établissant des alliances, informelles ou non, avec cette Union des historiens contre les négationnismes, soit en l'alertant sur les manquements de tel ou tel organe de presse, soit en l'épaulant par des actions de protestation. Après quoi, un communiqué émanant de cet organisme serait envoyé aux agences de presse.

De la même manière, cette Union des historiens contre les négationnismes pourraient aider le Collectif Van à la constitution de dossiers qui seraient systématiquement et régulièrement envoyés aux différents journalistes responsables de l'information, qu'ils soient de la télévision, de la radio ou de la presse écrite.

Aujourd'hui, comme elle le sera demain, l'histoire du génocide demeure de l'histoire vivante et pressante. L'exemple d'Yves Ternon est à ce point exemplaire, en ce qu'il a toujours été présent là où il devait, conscient qu'il était d'avoir à faire du génocide arménien en particulier une cause pour la reconnaissance des génocides en général.

Cette Union des historiens contre les négationnismes devrait comprendre des historiens de tous bords et de toutes nationalités. Mais il est crucial que l'impulsion soit donnée autour du génocide arménien par ceux qui s'en occupent pour la bonne raison que notre génocide souffre encore aujourd'hui d'une déplorable désinformation de la part des médias français " responsables mais pas coupables ".

Ces idées nous les devons à ceux qui manifestèrent ce samedi 20 novembre devant France 5, mais aussi à un des lecteurs de Yevrobatsi qui a déploré ne pas entendre la voix d'un de nos spécialistes en stratégie les plus médiatiques qui soient, à propos de ce documentaire pédagogique sur la formation de la Turquie moderne.


Yevrobatsi

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