La récente affaire de France 5 a permis
de révéler au sein de la communauté agissante des Arméniens
un déficit médiatique de la part de nos historiens du génocide.
L'action du Collectif Van, si elle a été efficace, a démontré
la faiblesse voire l'inconsistance de ses "arrières " scientifiques.
On a beau avoir raison de croire que le nombre des manifestants ne fait rien
à l'affaire si la " qualité " de la protestation fait
suffisamment poids, il manquait à la discussion qui eut lieu avec la
direction des programmes de France 5 la présence d'un historien engagé
dans la cause du génocide et de son déni.
Quels qu'ils soient, les historiens, arméniens
ou non, s'engagent déjà d'une manière ou d'une autre,
par leurs écrits, par leurs recherches, par leurs interventions à
des colloques, comme nous le montre Monsieur Raymond Kévorkian dans
l'interview que nous publions. S'ils sont excusables de ne pas être
visibles à toutes les manifestations de rue, c'est que leur temps est
suffisamment consacré à la manifestation de la vérité
pour qu'on leur accorde le droit d'être ailleurs.
Mais dans un temps où la partie adverse
fait de l'histoire le pivot par lequel elle compte basculer le génocide
dans l'oubli, il est urgent que nos historiens montent au créneau non
plus comme une entité informative seulement mais comme force de réaction
immédiate partout où le déni pointe son nez, dans les
médias, les journaux, les colloques.
En ce sens, le Collectif Van pourrait jouer
son rôle en établissant des alliances, informelles ou non, avec
cette Union des historiens contre les négationnismes, soit en l'alertant
sur les manquements de tel ou tel organe de presse, soit en l'épaulant
par des actions de protestation. Après quoi, un communiqué émanant
de cet organisme serait envoyé aux agences de presse.
De la même manière, cette Union
des historiens contre les négationnismes pourraient aider le Collectif
Van à la constitution de dossiers qui seraient systématiquement
et régulièrement envoyés aux différents journalistes
responsables de l'information, qu'ils soient de la télévision,
de la radio ou de la presse écrite.
Aujourd'hui, comme elle le sera demain, l'histoire
du génocide demeure de l'histoire vivante et pressante. L'exemple d'Yves
Ternon est à ce point exemplaire, en ce qu'il a toujours été
présent là où il devait, conscient qu'il était
d'avoir à faire du génocide arménien en particulier une
cause pour la reconnaissance des génocides en général.
Cette Union des historiens contre les négationnismes
devrait comprendre des historiens de tous bords et de toutes nationalités.
Mais il est crucial que l'impulsion soit donnée autour du génocide
arménien par ceux qui s'en occupent pour la bonne raison que notre
génocide souffre encore aujourd'hui d'une déplorable désinformation
de la part des médias français " responsables mais pas
coupables ".
Ces idées nous les devons à
ceux qui manifestèrent ce samedi 20 novembre devant France 5, mais
aussi à un des lecteurs de Yevrobatsi qui a déploré ne
pas entendre la voix d'un de nos spécialistes en stratégie les
plus médiatiques qui soient, à propos de ce documentaire pédagogique
sur la formation de la Turquie moderne.